Le harnais antichute est l’un des équipements de protection individuelle les plus essentiels pour prévenir les accidents graves.
Pour garantir son efficacité, il est indispensable de vérifier régulièrement son état et son bon fonctionnement.
Quels sont alors les points de contrôle à examiner sur un harnais antichute avant chaque utilisation ? Découvrez dans cet article les étapes clés pour assurer votre sécurité au quotidien.
Est‑il obligatoire de procéder à la vérification des harnais ?
Oui. Le Code du travail impose à l’employeur de maintenir les EPI en état de conformité et de les vérifier périodiquement . Les articles R4323‑99 à R4323‑103 puis l’arrêté du 19 mars 1993 classe les « systèmes de protection individuelle contre les chutes de hauteur » parmi les équipements soumis à Vérification Générale Périodique (VGP). L’esprit du texte, c’est de garantir qu’aucun baudrier ne parte au front sans contrôle digne de ce nom.
À quelle fréquence réaliser la vérification des harnais ?
La règle de base est la suivante : au moins tous les douze mois selon l’arrêté précité, et à chaque fois qu’un incident (ou une chute) est suspecté. C’est également la philosophie de la norme NF EN 365 :2004, qui précise qu’un examen périodique doit être conduit « au minimum une fois par an » par une personne compétente, plus souvent si l’intensité d’usage ou l’environnement (produits chimiques, abrasion, salissures) l’exige.
En pratique, sur un parc de 150 baudriers de sécurité comme celui que je gérais en 2019, on calait un roulement trimestriel : un quart du stock passait sur l’établi chaque mois. Lissée sur l’année, la charge reste digeste et on repère plus vite une sangle qui fatigue ou un début de corrosion.
Qui peut effectuer la vérification des harnais de sécurité ?
Le Code du travail ne dresse pas une liste de diplômes mais exige la compétence. L’Article R4323-100 impose de passer par une « personne qualifiée », capable d’identifier les défauts, de connaître les réglementations applicables et de signer un rapport. Deux options :
- Interne : un technicien de contrôle EPI formé, avec preuve de formation et procédure écrite.
- Externe : un organisme spécialisé comme ACS PRÉVENTION, qui apporte la neutralité, la traçabilité numérique et surtout le tampon d’une entreprise dont c’est le cœur de métier.
Premier élément à contrôler : l’étiquette ?
L’étiquette, souvent cousue côté dorsal ou sous la sangle abdominale, c’est la carte d’identité du harnais :
- Marquage CE.
- Norme de référence (NF EN 361 pour le harnais, NF EN 358 si ceinture de maintien, etc.).
- N° de série ou lot,
- Date de fabrication
Si l’un de ces marquages est illisible, on parle d’un harnais « orphelin ». Sans données, impossible de garantir la traçabilité : c’est rebut immédiat.
C’est également le moment de vérifier si la date limite d’utilisation prévue par le fabricant n’est pas dépassée.
Quels points contrôler sur les sangles ?
- Aspect général : décoloration prononcée, durcissement, zones grasses ou chargées de ciment (les alcalis rongent le polyamide).
- Usure mécanique : peluchage, abrasion, fibres coupées, arrachements à l’agrafe.
- Coupures nettes : un entaille de cutter même superficielle peut réduire la résistance de moitié.
- Exposition au chaleur : fusion localisée, paillettes vitrifiées signe d’un contact soudure ou bitume chaud.
Une lampe frontale, les doigts et un peu de patience : on pince, on tord doucement la sangle pour faire ressortir les trames cassées.
Inspecter les coutures et les témoins de chute
- Fils contrastés : les fabricants utilisent un fil de couleur différente pour faciliter la détection. Si la couture est dégradée, le matériel ne doit pas être utilisé.
- Nœuds, bouclages sauvages : bricolage interdit.
- Témoin d’impact : certains harnais intègrent des éléments qui se déchirent lors d’une surcharge. S’il est apparu, c’est que le harnais a vécu une chute ou un choc plus brutal qu’on ne vous a dit. Inutile de discuter, direction rebut.
Contrôler sur la bouclerie
- Vérifier le bon fonctionnement : verrouillage franc, absence de jeu latéral, ressorts fonctionnels…
- D‑ring dorsal, thoracique ou sternal : pas de fissure, déformation, pointes de rouille.
- Mousquetons solidaires : absence de déformation, verrou, usure sur la zone de frottement.
Vérifier les autres éléments (coussins, rembourrages, accessoires…)
Les coussins d’épaule, plastrons respirants ou protections lombaires ne sont pas décoratifs ; ils assurent la répartition des charges et évitent les points de pression qui coupent la circulation sanguine. Vérifiez :
- L’état de la mousse (écrasée, moisie).
- Les fixations (scratch décousu, bouton pression absent).
- Les accessoires (porte‑outil, anneaux latéraux pour maintien au travail).
Le confort, c’est de la sécurité déguisée. Un ouvrier qui souffre retire son harnais pour « faire vite ».
Comment assurer la traçabilité du contrôle ?
La réglementation impose l’enregistrement du contrôle dans un registre de sécurité. En cas de contrôle par une entreprise extérieure, cette dernière doit vous remettre un rapport de vérification, ce rapport peut comprendre les éléments suivants :
- Identifiant du harnais (marque, modèle et numéro de série)
- Dates de mise en service.
- Nom du vérificateur.
- Date de vérification
- Observation des éventuelles anomalies
- Préconisation d’action : bon pour service, à réformer, mis à l’écart pour réparation…
Ce rapport dont ensuite être intégré à votre registre de sécurité.
Que faire en cas de défaut constaté sur votre harnais ?
- Retrait immédiat du service. Chez ACS PREVENTION, on impose une étiquette rouge, « non conforme » pour éviter toute utilisation.
- Isolement dans un bac identifié (jamais avec les bons harnais, pour éviter les confusions).
- Analyse : dans certaines situations, on peut envisager une réparation. Pour cela, il faut prendre contact avec le fabricant pour voir si il est possible qu’il répare l’équipement anti-chute.
- Mise à jour du registre : trace écrite, photos si possible.
L’erreur fréquente, c’est le : « je garde pour la petite tâche rapide ».
FAQ express sur la VGP du harnais – pour briller en réunion sécurité
Question | Réponse courte (et réglementaire) |
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VGP et contrôle de harnais, c’est la même chose ? | La VGP est la vérification périodique prescrite par l’arrêté du 19 mars 1993, au minimum annuel. Chaque utilisateur doit contrôler son matériel avant chaque utilisation. C’est le contrôle du harnais. |
Le fabricant dit « VGP tous les 6 mois », je peux rester à 12 ? | Non : vous devez respecter les préconisations du fabricant. |
Un harnais antichute a‑t‑il une durée de vie maximale ? | Oui, fixée par le fabricant (5, 10 ans…). Mais un défaut constaté met fin à la vie du harnais avant son terme. |
Dois‑je marquer mes harnais au feutre ? | C’est envisageable sur des étiquettes prévues à cet effet. Par contre, c’est strictement interdit d’écrire sur les sangles. |
Après une chute « légère », je peux garder le harnais ? | Toute chute = inspection approfondie + décision de réforme. |