Installation des extincteurs pour feu de métaux

Quand on parle de feu de classe D, on parle de feu de métaux dits « combustibles ». C’est une catégorie à part dans la classification des incendies, et pour cause : ces feux réagissent très violemment avec l’eau ou les agents extincteurs classiques. Feux de copeaux de magnésium, poussières d’aluminium, limaille de titane ou encore lithium en fusion… c’est explosif, au sens propre.

Le Code du travail (notamment via l’article R.4227-28 et suivants) impose aux employeurs de mettre en place des moyens de lutte adaptés aux risques présents dans l’établissement. Et quand il y a du métal qui peut s’enflammer, il faut prévoir le matériel d’urgence adapté.

On ne parle pas de l’acier de ton établi. Ce sont principalement les métaux dits légers ou réactifs qui peuvent s’enflammer :

• Magnésium : très courant en industrie aéronautique et automobile.
• Aluminium : sous forme de poussière ou de copeaux.
• Zirconium, titane : présents dans l’usinage de pièces spécifiques ou dans le médical.
• Lithium, sodium, potassium : utilisés dans les batteries, certains laboratoires ou en chimie.

Et le pire, c’est qu’ils ne s’enflamment pas toujours à des températures extrêmes. Une simple étincelle, un frottement, une réaction chimique… et c’est parti.

Dans l’imaginaire collectif, on croit que le feu de métal, c’est rare. Faux. Très faux. Il suffit de :

• Frotter deux pièces en magnésium (usinage, meulage).
• Faire tomber une batterie lithium en court-circuit.
• Laisser sécher une poussière d’aluminium dans un coin d’atelier.

Les situations à risque sont fréquentes en entreprise : poste de découpe, atelier de polissage, station de recharge de batteries lithium, maintenance de machines contenant du sodium, etc. Et souvent, les extincteurs classiques sont posés là… comme si de rien n’était.

On rentre dans le vif du sujet. Pour un feu de classe D, il faut un extincteur spécifique classe D.

Ce type d’extincteur contient de la poudre spéciale, souvent à base de chlorure de sodium, graphite ou d’autres agents qui vont étouffer le feu sans réagir violemment avec le métal en combustion. Il existe aussi des poudres spécifiques pour le lithium.

On reconnaît ces extincteurs grâce à un pictogramme clair : la lettre D accompagnée d’un symbole de flamme et d’un engrenage. Ce n’est pas le même modèle que celui que tu as dans la salle de pause.

Jamais de l’eau sur un feu de métal, c’est LA règle.

Pourquoi ? Parce que l’eau va réagir avec certains métaux (magnésium, sodium…) et provoquer une explosion ou un dégagement d’hydrogène très inflammable. Tu crois éteindre un feu, et tu déclenches un accident industriel.

Même chose pour les extincteurs à mousse ou au CO₂ : à proscrire sur feu de métaux. Ils sont non seulement inefficaces, mais carrément dangereux dans ce contexte.

Ce n’est pas un extincteur classique, alors l’usage demande un peu de doigté. Voilà comment faire :

1. Identifier clairement le type de feu : si tu vois des étincelles blanches, une flamme vive au contact de copeaux métalliques, c’est sûrement un métal.
2. Prendre l’extincteur de classe D (pas celui à poudre ABC).
3. Verser doucement la poudre spéciale sur la base du foyer, sans projeter directement (la poudre est souvent épaisse, presque sableuse).
4. Former un dôme de poudre pour étouffer la réaction et éviter l’apport d’oxygène.

Ce type d’extincteur ne se manipule pas comme un pistolet à mousse : c’est plus proche d’un seau de sable dirigé avec soin. D’ailleurs, certains modèles sont livrés avec pelle intégrée, preuve que ce n’est pas un modèle standard.

Le bon sens et la réglementation se rejoignent ici : il faut que l’extincteur soit immédiatement accessible.

On vise généralement :

• À moins de 15 mètres de la zone à risque (atelier, stockage, poste de travail).
• Le référentiel APSAD R4 indique que les extincteurs doivent être positionnés à moins de 5 m du risque spécifique.
• Sur un support mural clairement identifié, avec pictogramme feu de classe D.
• Et idéalement, pas trop proche non plus : en cas d’explosion, il faut pouvoir l’atteindre sans te mettre en danger.

Et, détail qui a son importance : les intervenants doivent savoir l’utiliser. Former les salariés à son maniement, c’est indispensable.

Les extincteurs à métaux, comme les autres extincteurs, doivent :

• Être directement accessible
• Être facilement visible
• Être attaché à un élément fixe
• La poignée doit être à une hauteur maximum de 1,2 m du sol
• Être signalé par un affichage

La réglementation ne dit pas noir sur blanc : « il faut avoir un extincteur de classe D », mais elle est très claire sur un point : les moyens de lutte contre l’incendie doivent être adaptés aux risques.

👉 Article R.4227-29 du Code du travail : « Des moyens de lutte contre l’incendie appropriés sont prévus […] en fonction de la nature des risques. »

Donc, si l’activité comporte un risque identifié de feu de métal, que ce soit par la nature des matériaux, des machines ou des procédés, oui, c’est obligatoire.